Les causes de l’arthrose sont multiples et son traitement est d’autant plus délicat que le stade de développement auquel on intervient joue un rôle déterminant. Entre le stade initial, où la médecine classique ne propose qu’antalgiques et anti-inflammatoires – voire l’abstention – et le stade ultime, où la chirurgie prothétique est de nos jour l’unique proposition, il existe un stade intermédiaire dans lequel les médecins confrontés chaque jour aux doléances des patients sont totalement dépourvus de protocoles efficaces.
Dans notre activité médico-chirurgicale, nous avons très tôt recherché une troisième voie qui permette de limiter l’évolution, aujourd’hui inexorable, de l’arthrose tout en diminuant les phénomènes inflammatoires et douloureux en rapport direct avec la poursuite de destruction cartilagineuse. Dans les années 90, nous avons commencé à utiliser les compléments alimentaires. Fort critiqués à l’époque, ils furent d’abord admis par l’EULAR sous le terme AASAL (Anti-Arthrosique Symptomatique d’Action Lente) en raison de leurs résultats encourageants.
A la lumière d’observations directes sur nos patients, nous étions convaincus que nous travaillions dans la bonne direction et c’est sans fanfare ni orgueil mais avec une certaine satisfaction intellectuelle que nous avons vu en 2010 le remboursement par la Sécurité Sociale des molécules naturelles de compléments alimentaires à base de glucosamine que nous utilisions depuis plus d’une dizaine d’années déjà.
Nous participions en ces temps-là à quelques études, ni randomisées, ni contrôlées, réalisées par différents petits laboratoires de compléments alimentaires. Ces études ont constaté l’arrêt de l’évolution de l’arthrose et l’efficacité des traitements adjuvants à base de glucosamine.
Nous savions, comme tous, que l’arthrose est une pathologie multifactorielle. Nous avions cependant décidé de nous intéresser principalement à un facteur qui nous semblait à la fois important et simple à contrôler : le facteur mécanique de compression.
En outre, notre cible d’étude a été choisie en fonction de son degré d’importance en nombre de patients atteints et de sa faciliter à l’aborder.
Nous nous sommes attachés à réduire les facteurs de destruction cartilagineuse et inflammatoire douloureux dans l’arthrose interne du genou dans les génu-varum : nous avons installé chez nos patients adultes atteints d’arthrose interne différents types de genouillères visant à limiter le varus du membre inférieur atteint. La pose d’un tel matériel nécessitait un temps d’observation de 6 semaines pour pouvoir constater les premiers résultats cliniques ainsi que la diminution de la douleur et de la prise d’antalgiques.
Sur les 120 patients étudiés, nous avons pu repousser de 2 ans et plus la date d’intervention de type ostéotomie.
Le taux d’échec a été de 10%, essentiellement dû à une non-observance.
Nous avons étudié de manière plus approfondie la physiopathologie de l’arthrose par compression excessive. Devant les résultats peu satisfaisants obtenus par l’utilisation des genouillères disponibles sur le marché, nous avons été amenés à mettre au point un dispositif médical externe que nous avons qualifié de Genouillère Anti-Arthrosique Dynamique (G2AD).
Dynamique, car elle agit sur les deux facteurs mécaniques essentiels :
- la décompression lors de l’impact au sol pendant la phase de déambulation,
- la remise en contact des surfaces articulaires, indispensable au métabolisme cartilagineux.
Dynamique, car la décompression, si elle limite la destruction cartilagineuse, n’agit pas sur une éventuelle cicatrisation et reconstruction de la zone cartilagineuse atteinte. C’est ce qui se passe dans les ostéotomies tibiales de valgisation où l’arrêt de la compression protège le compartiment interne mais surcharge le compartiment externe et n’a aucune action de reconstruction ni de cicatrisation du compartiment interne. Cela est dû au fait que pour qu’un métabolisme actif puisse participer à la régénération des surfaces articulaires endommagées, il faut non seulement arrêter la surcharge de l’impact mécanique au moment de l’onde de choc du contact du pied avec le sol, mais aussi favoriser une reprise de contact des surfaces cartilagineuses pour permettre une circulation aqueuse à l’intérieur des tissus cartilagineux.
Ainsi, la G2AD, après la décharge au moment de l’onde de choc, permet une remise en contact des surfaces articulaires lors de la flexion du genou, au moment où les forces d’appui sont limitées.
Ce type de genouillère dynamique, alliant protection par limitation de l’onde de choc en phase d’appui et activation du métabolisme par appui limité sans force, devrait être utilisé comme adjuvent thérapeutique dans les nouvelles voies d’études telles que l’acide hyaluronique et l’injection de cellules souches.
Nous observons là un concept thérapeutique moderne non invasif qui est une alternative prometteuse à la chirurgie d’ostéotomie et de prothèse monocompartimentale, mais aussi une thérapeutique capable de repousser la date de mise en place des prothèses totales.